C’est ma première pièce de broderie. Inspirée largement des peintures d’Hammershoi, peintre hollandais du XIXième.
Il m’a fallu plusieurs années avant de pouvoir travailler avec le tissu. L’entrée dans cet univers n’était pas simple. J’avais en tête plusieurs a priori qui m’en éloignaient en même temps qu’une forte attirance. Alors que les couleurs de la soie, la sensualité du lin, les frou-frous des jupons, les multiples rapiéçages de vêtements anciens, l’usure de certaines trames me faisaient vibrer, les grandes tapisseries des années 70, les patchworks et les canevas par exemple ne m’inspiraient rien.
Réinterpréter une peinture avec ce matériau là, me permettait de retrouver une émotion qui m’était chère et de passer au-dessus de l’obstacle. Ce premier espace qui ouvre sur un deuxième puis sur un troisième et enfin sur une fenêtre, c’est, pour moi, parler de profondeur. De profondeur en général dans les idées que l’on peut développer tous ensemble et plus particulièrement de profondeur intérieure que l’on cultive. Un espace vide est un espace où pas grand chose accroche le regard. L’anecdotique est faible. Cela nous renvoie ou à notre propre imagination pour le remplir ou à un espace méditatif où ni temps ni espace n’existe. Où les choses matérielles ne sont plus là, où l’immatériel peut enfin respirer. Je dis « parler de profondeur », c’est une manière de parler justement. Ce serait plus juste de dire que je montre de la profondeur. Et ce que je raconte est ce que je ressens des choses. La sensation, l’émotion est mon point de départ. Les mots viennent en faisant ou après.