Meule de paille

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Février 2014, tissu coton/lin, fil de lin, 51x 78cm

C’est peut-être parce qu’il faisait figure d’intrus dans tous ces fils de soie et de coton perlé chez la dentellière que je l’ai remarqué et aimé. Ce fil de lin brut, fragile par sa finesse, à peine travaillé. A quel dessein avait-il été fabriqué, il y a presque un siècle?

Je cherchais un motif évoquant la simplicité et l’empreinte de l’homme. Un motif presque abandonné. Une vieille chaise en paille? Des vieux souliers de cuirs usés? Des sabots? Une échelle? Un seau en zinc? Je ne voulais pas une caricature du temps passé. Je ne voulais pas de nostalgie, ni de maniérisme. Je voulais quelque chose qui est par nécessité. Là. Sans se vouloir porteur de sens et de grand message. Je voulais un motif humble.

Le motif est-il venu en regardant mes matières, mes fils, ce fil ou est-ce que j’ai cherché le fil qui correspondrait à la fabrication de la meule? Je ne sais plus.

La meule de paille comme je l’ai faite peut être un tas abandonné ou pas, sans marque industrielle. Mais mis en tas quand même. Une marque de volonté, mais non esthétique. Une volonté indéfini. Le tas est. Et puis le vent passe et emporte quelques brins. De manière assez insignifiante pour qu’on laisse le vent défaire le travail accompli. Que le tas soit passé dans l’oubli au coin d’un champ. Certains imagineront la cour d’une ferme, certains un champ, pendant que d’autres ne verront que des fils, du temps et l’acte de création.