J’ai passé l’été à me préoccuper de plantes, de draps anciens, de marmites, de recettes, de cueillettes, de décoctions, de teinture. J’ai maintenant plusieurs fonds vivants. Quel ravissement toutes ces couleurs! Des couleurs indescriptibles parfois. Des couleurs instables. Plusieurs couleurs sur un même fond.
Il m’a fallu un temps avant de me mettre au travail. J’ai choisi un premier fond parmi tous que j’ai regardé longuement. J’étais très impressionnée par la couleur, par la lumière qui se dégageait. Ce tissu était déjà puissant. Que rajouter? Comment? Pourquoi? De grandes questions de fond surgissaient. Je pensais aussi à la force de l’intuition, de tout ce qui se joue dans le silence apposé à celle de la volonté. Le fond et la forme. Comment faire cohabiter l’un et l’autre pour qu’ils se servent? C’était là un des fondements de mon travail. Une des questions que je soulevais il y a 20 ans, sans réussir à la nommer.
Comment commencer?
Par une peur.
La peur de recouvrir la grâce par la lourdeur par exemple.
Alors, allons-y ! Recouvrons !